L’étude de Séralini a suscité une rafale de critiques de la part de scientifiques, de certains journalistes en sciences et d’organismes gouvernementaux, qui sont apparues seulement deux heures après sa publication.1
Toutefois, des questions graves se posent quant à l’exactitude et la pertinence des déclarations de certains critiques. Nous avons compilé une liste des critiques les plus courantes sur l’étude de Séralini et avons soumis nos réponses.
Le problème principal avec ces critiques est que, contrairement à l’étude de Séralini, elles ne s’appuient pas sur des données expérimentales mais essentiellement sur des avis et des suppositions. Les critiques les plus fréquentes n’ont pas été publiées dans des revues évaluées par les pairs et n’ont pas été soumises à un examen sérieux.
La façon acceptable d’un point de vue scientifique de prouver qu’une étude comme celle de Séralini n’est pas fiable consiste à la reproduire avec des modifications souhaitables, peut-être avec un plus grand nombre d’animaux, et d’obtenir des résultats différents. Tant que les critiques ne produiront pas de nouvelles données, l’étude de Séralini reste valable et de loin la plus complète en son genre à ce jour.
Il existe également des questions graves concernant l’indépendance et l’expertise d’un grand nombre des critiques de Séralini. Beaucoup ont des liens avec l’industrie des OGM qui ne sont pas révélés dans les articles de presse qui les désignent comme des experts. Ces liens ont été révélés notamment par le journaliste français Benjamin Sourice 2 et le groupe de campagne britannique GMWatch,3 4.
Un autre point important réside dans le fait que beaucoup des critiques de Séralini n’ont aucune expérience expérimentale ni aucune connaissance de la conception et de la conduite d’essais toxicologiques et qu’ils n’ont jamais publié de recherches expérimentales originales dans des revues évaluées par des pairs. À l’inverse, l’expertise en recherche et les nombreuses publications de Séralini et de son équipe sont extensives et pertinentes.
Soutien
Beaucoup de scientifiques et d’experts internationaux ont exprimé leur soutien à l’étude de Séralini et à un débat public ouvert basé sur le système de publications évaluées par des pairs.5 6 7 8 9 10
Une déclaration en réponse aux attaques, « Science et conscience », signée par 140 scientifiques français, a été publiée dans le journal Le Monde.5
Plusieurs centaines de scientifiques et d’académiciens du monde entier ont signé une lettre ouverte qui soutient les recherches de Séralini et conteste la manière avec laquelle le processus d’approbation des OGM est organisé en faveur des demandeurs et soutenue par la suppression systématique de scientifiques indépendants travaillant dans l’intérêt du public. Ce système, indique la lettre, rend « un débat honnête, rationnel ou scientifique » impossible.6
Les recherches de Séralini sont également soutenues par des lettres individuelles de 160 scientifiques, qui ont été envoyées à la revue qui a publié le document original. Ces lettres ont été rendues publiques par l’institut de recherche de Séralini CRIIGEN :
Letters of support (1)
Letters of support (2)
Un article de l’Agence France Presse (AFP) suggère que le soutien pour Séralini pourrait en réalité être plus important qu’il ne semble, même en se basant sur le nombre croissant de déclarations publiques. L’AFP a cité Pierre-Henri Gouyon, un professeur au Musée d’Histoire naturelle à Paris, commentant la déclaration publiée dans Le Monde en réponse aux attaques à l’encontre de Séralini, « Il y a également des gens qui ont participé à la rédaction [de la déclaration] mais qui n’ont pas signé de crainte des conséquences pour leurs carrières. J’ai recommandé aux personnes qui prévoient d’être promues de ne pas la signer ».11
Un soutien supplémentaire pour Séralini venait du Dr. Angelika Hilbeck, une biologiste au ETH Zurich (institut technologique fédéral suisse), qui a déclaré dans une interview avec la presse qu’elle prend les découvertes de Séralini « au sérieux ».12 Hilbeck a été soumise à des attaques similaires à celles qui se sont abattues sur Séralini après que son équipe ait publié des recherches démontrant que le maïs génétiquement modifié nuisait à des insectes utiles.13 14 15
Hilbeck a commenté à propos des attaques sur les recherches de Séralini et les intérêts particuliers sur lesquels beaucoup d’entre elles reposent : « De telles attaques sur des scientifiques qui mettent en avant les risques des plantes génétiquement modifiées sont normales. Ce sont toujours les mêmes adeptes des OGM liés à l’industrie qui tentent immédiatement de diffamer les études critiques et leurs auteurs dans une campagne concertée. C’est l’argent qui compte.
« Maintenant ils prennent des armes plus conséquentes pour s’attaquer à Séralini, du fait de son étude des aliments sur la santé des animaux, qui ensuite sert de modèle pour les humains ».12
Références :
1. Science Media Centre. Expert reaction to GM maize causing tumours in rats (réaction des experts par rapport aux tumeurs provoquées par le maïs génétiquement modifié chez les rats) [communiqué de presse]. 19 septembre 2012. http://www.sciencemediacentre.org/pages/press_releases/12-09-19_gm_maize_rats_tumours.htm
2. Sourice B. OGM : La guerre secrète pour décrédibiliser l’étude Séralini. Rue 89. 12 novembre 2012. http://www.gmwatch.org/index.php?option=com_content&view=article&id=14424
3. Matthews J. Smelling a corporate rat (l’odeur d’un rat d’entreprise). Spinwatch. 12 décembre 2012. http://bit.ly/TOZ3Fo
4. GMWatch. How independent is the Science Media Centre and its experts? (quel est le degré d’indépendance du Science Media Centre et de ses experts ?) 24 septembre 2012. http://www.gmwatch.org/latest-listing/51-2012/14224
5. Andalo C, Chercheuse AHS, Atlan A, Auclair D, Austerlitz F, Barot S. Science et conscience. Le Monde. 14 novembre 2012. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/14/science-et-conscience_1790174_3232.html
6. Bardocz S, Clark EA, Ewen SW, et al. Seralini and science: an open letter (Séralini et la science : une lettre ouverte). Independent Science News. 2 octobre 2012. http://independentsciencenews.org/health/seralini-and-science-nk603-rat-study-roundup/
7. Deheuvels P. Étude de Séralini sur les OGM: Pourquoi sa méthodologie est statistiquement bonne . Le Nouvel Observateur. 9 octobre 2012. http://bit.ly/RtPivG
8. Saunders P. Excess cancers and deaths with GM feed: The stats stand up (excès de cancers et de morts avec les aliments génétiquement modifiés : les statistiques sont parlantes). Science in Society. 16 octobre 2012.
9. Poulter S. Cancer row over GM foods (controverse des aliments génétiquement modifiés par rapport au cancer). Daily Mail. 19 septembre 2012. http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-2205509/Cancer-row-GM-foods-French-study-claims-did-THIS-rats–cause-organ-damage-early-death-humans.html
10. Heinemann J. Letter to the editor (lettre à l’éditeur). Food and Chemical Toxicology. 6 novembre 2012 ; 50(11) : 4221-4231.
11. Agence France Presse. OGM : Séralini publie une liste de soutien de 193 scientifiques internationaux. 20minutes.fr. 16 novembre 2012. http://www.20minutes.fr/ledirect/1044460/ogm-seralini-publie-liste-soutien-193-scientifiques-internationaux
12. Battaglia D. Kritische Gentech-Forschung: « Hier geht es um viel Geld » [recherches cruciales sur les OGM : « De grosses sommes d’argent en jeu »]. Tages Woche. 2 novembre 2012. http://www.gmwatch.org/latest-listing/51-2012/14451
13. Schmidt JE, Braun CU, Whitehouse LP, Hilbeck A. Effects of activated Bt transgene products (Cry1Ab, Cry3Bb) on immature stages of the ladybird Adalia bipunctata in laboratory ecotoxicity testing (effets des produits transgéniques Bt activés (Cry1Ab, Cry3Bb) sur les phases immatures de la coccinelle Adalia bipunctata lors d’essais en laboratoire sur l’écotoxicité). Arch Environ Contam Toxicol. Fév. 2009 ; 56(2) : 221-228.
14. Hilbeck A, Meier M, Trtikova M. Underlying reasons of the controversy over adverse effects of Bt toxins on lady beetle and lacewing larvae (les raisons qui sous-tendent la controverse à propos des effets indésirables des toxines Bt sur la coccinelle et la larve de chrysope). Environmental Sciences Europe. 15 février 2012 ; 24(9).
15. Hilbeck A, McMillan JM, Meier M, Humbel A, Schlaepfer-Miller J, Trtikova M. A controversy re-visited: Is the coccinellid Adalia bipunctata adversely affected by Bt toxins? (une controverse revisitée : la coccinelle Adalia bipunctata est-elle négativement affectée par les toxines Bt ?) Environmental Sciences Europe. 15 février 2012 ; 24(10).